Histoire des peuples et des nations

Après les destructions du premier âge, il s’est constitué, grossièrement sur les territoires occupés par les royaumes de l’ouest, un gigantesque empire, couvrant toute la partie centrale et méridionale de la moitié du continent à l’ouest de la grande dorsale. Avant la fin du premier millénaire, en 978 Second Age pour être précis, l’Empire Kapralichéen était né. Il tirait son nom du grand fleuve Kapralicha, immense artère qui l’irriguait depuis les montagnes jusqu’à l’océan.

Des efforts colossaux furent consentis à construire un pouvoir fort, mais humain, à structurer une administration toute puissante, mais rationnelle, à ériger des villes réparties sur tout le territoire, à faire fleurir une architecture baroque, à développer des académies des beaux-arts, à éduquer les citoyens clairsemés de cet empire. Tout le second âge fut consacré à cette lourde tâche que menèrent les membres d’une seule et unique dynastie, les Riggillus, de 978 S-A. à 285 T-A.

A cette date, c’est la dynastie des Mansurov qui lui succède, faute d’héritier, et qui transforme le nom de la capitale impériale en MANSUROVO. De 285 à l’an 1001, les Mansurov se succèdent à la tête de l’empire.

En 1001 du troisième âge, l’empereur ZESTAW XIII vint à disparaître sans avoir pris la précaution de désigner lequel de ses trois fils, des triplés, devait lui succéder sur le trône. Chacun des trois fils, gouverneur de l’une des trois provinces, refusa de céder à un autre que lui le privilège de s’asseoir sur le trône paternel. Il s’ensuivit une sécession de l’empire, chacun des trois fils s’appropriant sa province et la déclarant indépendante et souveraine.

Ainsi naquirent les trois empires Par-Kapralichîn au sud, Ir-Kapralichîn au nord, et Imris-Kapralichîn à l’est.

Pendant près d’un siècle, le temps du règne des fils de ZESTAW XIII et de leur descendance directe, des tensions vives subsistèrent entre les trois empires. Puis, les empires nord et sud finirent par rétablir des relations, tout d’abord diplomatiques, puis commerciales. Bien que distincts politiquement, ils sont aujourd’hui très proches, et les capitales de ces deux empires, autrefois déplacées, sont désormais Ir-Mansurovo et Par-Mansurovo, de part et d’autre du grand fleuve.

Pour ce qui est de l’empire Imris-Kapralichîn, en revanche, les choses ne se passèrent pas de la même façon. WLADIZ Ier, fils de ZESTAW XIII, se finit couronner empereur en grande pompe à SARIN, capitale de la province. Bientôt, alors que des statues de sa personne jaillissaient de toute part et que le rôle de l’armée allait grandissant, il devint de plus en plus difficile de commercer avec le petit empire. Des tours de guet et des murailles furent érigées le long de la Kapra et de la Licha, les deux affluents de la Kapralicha qui délimitaient à l’ouest le territoire de l’ex-province de l’empire des Mansurov. Puis, on eut de moins en moins d’information sur ce qui s’y passait. En 1203, WLADIZ III montant sur le trône fait abandonner SARIN, et ériger une nouvelle capitale qu’il baptise WAHL-RAN, dans les contreforts basaltiques du massif meso-continental. Dès lors, Imris-Kapralichîn se fait connaître sous le nom d’Empire WAHRINGEN. Et depuis le début des années 1300, personne de sait plus ce qui s’y passe, à l’exception de l’annonce qui est faite de la mort d’un empereur et du couronnement de son successeur, et la politique de l’empire est totalement opaque pour ses voisins qui se sentent de plus en plus menacés.

Ainsi en 1324, lors de l’épique bataille de TEHEMEM, personne n’a été en mesure d’expliquer les mobiles de l’armée Wahringe, et personne n’en est, aujourd’hui encore, capable.

A ce jour, an 1524 du troisième âge, tout ce que l’on sait de l’empire WAHRINGEN est que le nom de l’empereur est TCEZTUDARZ VII ….

Les vastes Steppes de Sichuan, couvertes de graminées à l’aspect laiteux, sont le territoire de tribus nomades, d’une origine ethnique assez homogène. Elles vivent de la chasse, de la pêche, et de l’élevage du bétail. N’ayant pas de tradition écrite, d’une part, et très peu de contact avec les autres parties du continent, d’autre part, nous ne savons que peu de choses sur le passé de ce peuple qui n’est pas intervenu dans l’histoire des autres états.

Les hommes de ces tribus sont tous, outre d’excellents chasseurs, des guerriers redoutables. Au-delà de leur taille imposante et de leur constitution massive qui leur vaut de facilement recevoir l’adjectif de “barbares”, ils sont tous initiés, lors du passage à l’adolescence, à la “transe des guerriers-fauves”, le transe de l’Heimdall. Lorsqu’il est entré dans cette transe, le guerrier est possédé par l’esprit de l’Heimdall, et est doté d’une force surhumaine. Lorqu’il en sortira, il sera épuisé et aura à peine conscience de ce qui lui est arrivé.

L’Heimdall est un herbivore extrèmement massif, qui peut peser plus de 2500 kg, à la musculature aussi impressionnante que la paire de cornes à trois pointes qu’il arbore, vêtu d’un long pelage gris, et dont la vitesse de pointe est largement supérieure à celle d’un cheval au galop. Cet animal est le symbole de toute la nation, et toutes les tribus vivent au rythme de ses migrations et des naissances. Dans chacune d’entre elles, le pouvoir et la sagesse sont aux mains d’un chef de clan, le Jarl, et de ses conseillers, ainsi que d’un shaman et de quelques novices. Le groupe de guerriers qui représente la tribu est appelé la herd, et ses membres, les herdmanr. Etre admis comme un membre de la herd est un honneur que tout jeune sichuan attend avec la plus grande impatience.

Chaque année, à Sichuan, toutes les tribus se regroupent à la fin de l’été pour les naissances d’Heimdall. Cette fête est l’occasion de joutes entre tribus, et entre bêtes. La tribu qui se comportera le mieux permettra à son chef de clan de présider le conseil des chefs de clans jusqu’à l’année suivante. La tribu et le culte des ancêtres sont les clés de voute de cette société. Leurs esprits sont omniprésents dans les mythes sichuans. On y parle aussi de terribles créatures qui, la nuit, hantent les steppes …

Odadahraun, terre glacée et maudite. Loin, au nord, au delà du Cap Sulkur, il est une grande île dont les rivages, pris dans les glaces, sont inabordables près de huit mois par an. La mer d’Uhnor, qui la baigne, est une mer froide, perpétuellement agitée de terribles tempêtes, qui n’a jamais attiré grand monde.

Une petite colonie de natifs, quelques centaines d’âmes, a toutefois choisi cette douce région comme lieu de résidence. Ces Ignaskards, comme ils s’appellent eux-mêmes, vivent regroupés autour d’Isafjordur, unique communauté de ce petit continent, selon toute probabilité.

L’Odadahraun a été le lieu, au cours du premier âge, de faits terribles qui ont marqué notre histoire. Vitnoz l’infâme, fleau des âges anciens, y a joué le dernier épisode de sa guerre contre la paisible existence de notre monde.

Depuis …

Après la fin du premier âge, le nord du continent fut, on ne sait trop pourquoi, un peu plus épargné par le cataclysme qui balaya le monde que le reste du continent ne le fut. En revanche, et comme toutes les autres régions, il sombra dans l’oubli, et y resta toujours plus ou moins, car il ne se trouvait un peu à l’écart des grandes voies de communications.

C’est à la fin du second âge, vers 2430, que le barde Ermewald le Boiteux, infatigable arpenteur de notre monde, il est venu aux oreilles du reste du monde que toute cette région, formée d’une multitude de petits comtés humains ou de petites gens, s’était dotée d’un Conseil des Comtés Unifiés, qui siégeait à Fjordart, et qui fonctionnait fort bien à l’écart de l’agitation séculière.

Aujourd’hui, les comtés sont toujours un havre de paix. On n’y trouvera pas de ville en tant que telle, tout au plus de gros bourgs. Les habitants de cette région sont principalement ruraux, vivent de la terre, de la mer ou de l’artisanat..